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Les signes de plongée
C’est curieux, chez les plongeurs, ce besoin de faire des phrases avec les mains !
Paraphrase librement inspirée des dialogues de Jacques Audiard dans Les Tontons Flingueurs.
Dans le monde du silence (qui est le monde sans parole, pas le monde sans bruit), la communication entre plongeurs est un élément de sécurité essentiel. La pertinence des signes prime sur leur nombre.
Les signes de plongée
Simple pour être efficace : la sécurité avant tout
Dès l’origine de la création des signes de plongée (1958), les principes suivants ont été établis :
1. Peu de signes de plongée, afin de se concentrer sur l’essentiel, la sécurité.
2. Eviter des nuances inutiles qui pourraient conduire à des incompréhensions et augmenter les risques d’accidents (ex. « Ok, Tout va bien » ou « Ça ne va pas, une assistance est requise », inutile de prévoir un signe entre ces deux situations).
3. Etre en capacité de réaliser les signes avec une seule main afin de prendre en compte toutes les situations possibles.
* Signes normalisés par la CMAS (Congrès de Barcelone 1960 et Singapour 1999)
OK, TOUT VA BIEN
Ce signe est à la fois une question « Est-ce que ça va ? » et une réponse « Ok, Tout va bien ».
Lorsque votre moniteur ou votre guide de palanquée vous fait ce signe, vous devez répondre soit « Ok, tout va bien », soit « Ça ne va pas » en désignant éventuellement ce qui ne va pas. Par exemple en montrant votre oreille, si vous avez un problème d’équilibrage des pressions à la descente. Une non-réponse à la question « Est-ce que tout va bien ? » équivaut à « Ça ne va pas » et induit une action du moniteur ou du guide de palanquée.
OK, TOUT VA BIEN : DES VOTRE ARRIVEE EN SURFACE
Par défaut, lors de l’arrivée en surface, l’absence de signe « Ok, tout va bien » conduit à déclencher une procédure d’urgence.
ÇA NE VA PAS
Signe « Ça ne va pas », à faire dès que quelque chose d’important ne va pas.
Selon le contexte, un équipier, le guide de palanquée ou le moniteur de plongée vous portera immédiatement assistance.
Le plus souvent cela mettra fin à la plongée.
VEILLER AUX RÉSERVES D’AIR
Tout au long de votre plongée, vous devez vérifier sur votre manomètre les réserves d’air disponibles (évitez toutefois de le faire trop souvent de manière inutile).
De temps en temps, votre moniteur pourra vous demander «Montre-moi ton manomètre».
Contentez-vous alors de tourner vers lui le cadran de votre manomètre (ou de votre ordinateur de plongée s’il intègre la gestion d’air) pour qu’il puisse y lire la pression restante.
Vouloir indiquer la pression par des signes de plongée symbolisant un nombre est inutile, source de confusions et de perte de temps.
Dans tous les cas, indiquez «100 bars, mi-pression», dès que l’aiguille de votre manomètre indique 100 bars.
Afin d’éviter toutes complications, ne tenez pas compte de la pression initiale de la bouteille (180, 200 ou 220 bars) pour calculer la mi-pression, faites le signe «mi-pression» dès 100 bars.
Généralement, votre moniteur ou votre guide de palanquée en tiendra compte et fera en sorte que vous soyez sorti de l’eau avec 50 bars de réserve. Si ce n’est pas le cas, pensez alors à indiquer «Je suis sur réserve» dès que votre manomètre indique 50 bars (zone rouge du cadran).
Le respect de ces consignes vous évitera d’être confronté à la «panne d’air», toujours stressante bien que se gérant parfaitement si vous restez proche de votre guide de palanquée tout au long de la plongée : celui-ci vous fera alors respirer sur son détendeur de secours et mettra fin à la plongée pour l’ensemble de la palanquée.
ÉVITER DE S’ESSOUFFLER
Pour éviter de vous essouffler, maintenez une forme physique correcte, évitez les repas trop copieux avant de plonger et ne plongez pas si vous êtes fatigué (long voyage, manque de sommeil…).
Durant la plongée, évitez les efforts trop importants pour vous et, dans tous les cas, prenez l’habitude de pratiquer de profondes expirations volontaires dès que vous faites un effort, même léger.
Si les mesures préventives sont insuffisantes, dès les premiers signes (sentiment de légère suffocation, incapacité à tenir une «panée de contrôle»), faites le signe «Je suis essoufflé» à votre guide de palanquée. Il vous demandera de cesser tout effort, de vous calmer et de forcer sur l’expiration.
Cela signe généralement la « fin de plongée ».
J’AI FROID
Pour éviter d’avoir froid, alimentez-vous correctement avant de plonger, couvrez-vous si nécessaire (si vous avez froid en surface cela ne pourra que s’aggraver sous l’eau) et portez une combinaison ajustée et suffisamment épaisse.
Si cela ne suffit pas, faites le signe «J’ai froid» sans tarder. Cela mettra fin à la plongée pour toute la palanquée.
Des informations du type « J’ai un peu froid », « J’ai moyennement froid », ne sont d’aucun intérêt. C’est un signe binaire, lorsque vous le faite, c’est que vous avez vraiment froid et qu’il faut mettre fin à la plongée.
Un peu d’histoire …
La nécessité de disposer de signes normalisés s’est imposée très tôt, dès le colloque du 8 mars 1958 à Cannes (compte-rendu publié en octobre).
Propos du Pr. Jacques Chouteau, Président du premier colloque international sur l’enseignement de la plongée (1958)
Pour la plongée en groupe (la seule à recommander), un moyen de communication simple, permettant la compréhension mutuelle de quelques éléments de situation est un facteur indispensable de sécurité.
De nombreux signes ont été proposés, de façon d’ailleurs peu systématique. Leur multiplicité, outre les difficultés de compréhension entre plongeurs de clubs différents, peut devenir catastrophique si ces signes ont pour les partenaires des significations opposées.
C’est pour remédier à cet état de fait que la Fédération propose un ensemble de signes réduits et simples, dont nous souhaitons la généralisation.
Signalons que ceux-ci ont été choisis après mûres réflexions et expérimentation pratique. Les signes proposés sont essentiellement des signes de sécurité permettant à un plongeur de se signaler à un autre plongeur d’une seule main. (…)
Au cours du colloque de 1958, ces signaux ont été discutés et la majorité des participants a décidé de les adopter malgré les différences que présente ce code avec celui des Anglo-Saxons. Ceux-ci ont par contre fait une suggestion très intéressante concernant la nécessité d’un signal de surface. Nous avons
donc proposé et en partie adopté la convention suivante : à l’arrivée en surface, loin de l’embarcation de surveillance ou de la côte (si la plongée s’effectue à partie de ce point), le plongeur émergeant à l’aise manifeste son état par un signal “Tout va bien” : bras tendu, maintenu vertical, la main faisant le signe “tout va bien” (rond avec le pousse et l’index), cela pendant 5 à 10 secondes.
L’absence de signe de la part du plongeur apparaissant à la surface doit être considérée comme le fait d’une impossibilité de signaler son état et des secours doivent lui être apportés.
Le malaise, la difficulté de rejoindre le bord ou la détresse sont signalés, comme en plongée, par l’agitation rythmique ou désordonnée des bras au-dessus de la surface. Il faut noter qu’en cas de noyade accidentelle en surface ce sont les gestes innés, leurs nuances signaleront à l’observateur le degré de gravité de la situation.
Les Britanniques ont critiqué cette convention en proposant des signes différents pour une détresse “légère” ou “grave”. L’expérience montre que cette distinction est illusoire, l’une se transformant rapidement en l’autre. La doctrine de la fédération est que “cela va bien” ou “cela ne va pas bien” et nous pensons que c’est la sagesse. Mieux vaut se déranger pour rien, que de ne pas se déranger pour un incident pouvant devenir grave.”
En 1960, lors du congrès de la CMAS à Barcelone, ces signes inspirèrent grandement ceux adoptés par la CMAS. Yves Normand réalisa les planches officielles qui constituèrent la première publication de signes de plongées normalisés sur le plan mondial. Il furent complétés en 1999 lors du congrès de Singapour (signe « mi-pression, 100 bars »).
Les signes aujourd’hui
La tendance à l’inflation du nombre de signes de plongée, déjà présente lors de leur création officielle en 1958, fait toujours débat. Certains ouvrages publient des dizaines voire des centaines de signes de plongée. Cela nous semble pervertir la logique des signes de plongée, qui doivent rester tournés essentiellement vers la sécurité et donc être francs, sans ambiguïté et peu nombreux pour une parfaite mémorisation.