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La plongée au Nitrox
Pratiquées depuis de nombreuses années dans les domaines civil et militaire, les plongées au Nitrox sont proposées au grand public depuis le début des années 1990.
Le Nitrox, pourquoi ?
Le terme « Nitrox » vient de la contraction des mots NITRogen (azote en anglais) et OXygen.
Une plongée au Nitrox est réalisée avec un air enrichi en oxygène (O2) et donc appauvri en azote (N2), noté également EAN pour « Enriched Air Nitrox ».
L’intérêt de telles plongées est de réduire la charge en azote, afin de :
- accroître la sécurité des plongées en réduisant les risques d’accidents de désaturation ;
- diminuer la fatigue de fin de plongée, due en grande partie à l’élimination de l’azote en excès.
Nitrox : des couleurs sélectives
L’augmentation du taux d’oxygène conduit à prendre des précautions et en particulier à utiliser un matériel spécifique afin de prévenir les risques d’échauffement des graisses et impuretés au contact de l’oxygène (surtout si le pourcentage d’oxygène dépasse 40 %). Sans que ce soit une règle absolue, le matériel « Nitrox » est généralement différencié du matériel « air » par l’utilisation du jaune et du vert.
Où peut-on plonger au Nitrox ?
La plongée au Nitrox est aujourd’hui largement répandue et peut se pratiquer dans le monde entier. Le gonflage de bouteilles au Nitrox nécessitant un matériel spécifique et onéreux, un surcoût est généralement demandé pour ce type de plongée.
Par ailleurs, toutes les organisations proposent des formations au Nitrox.
Notation
Un mélange Nitrox se caractérise par deux nombres. Le premier indique le pourcentage d’oxygène, le second celui d’azote (exemple 32/68).
Si un seul nombre est indiqué, il s’agit du pourcentage d’O2 (ex. Nitrox 32 ou EAN32).
La plongée au Nitrox en France
La réglementation française (code du sport) prévoit deux niveaux de plongeurs Nitrox :
- Plongeur Nitrox (PN) ;
- Plongeur Nitrox Confirmé (PN-C).
Le niveau « Plongeur Nitrox » est accessible dès le baptême ou les premières plongées.
PN : Aptitudes à évoluer en palanquée au Nitrox dont la teneur en oxygène n’excède pas 40 %
Pour évoluer en palanquée encadrée ou autonome.
- Maîtrise des aptitudes correspondant à l’espace d’évolution concerné.
- Maîtrise de la gestion et de l’utilisation de son matériel Nitrox, de l’analyse du mélange dont la teneur en oxygène n’excède pas 40 % et du renseignement de la fiche d’identification de la bouteille.
- Maîtrise du maintien de son équilibre et de la gestion de son profil par rapport à la profondeur « plancher » de son mélange.
- Maîtrise des moyens de décompression (table ou ordinateur Nitrox).
- Connaissance des risques hyperoxiques liés à l’utilisation du Nitrox.
PN-C (plongeur au Nitrox confirmé) Aptitudes à évoluer en palanquée au Nitrox et à effectuer la décompression à l’oxygène pur
Pour évoluer en palanquée encadrée ou autonome.
- Maîtrise des aptitudes à l’air correspondant à l’espace d’évolution concerné.
- Maîtrise des aptitudes PN.
- Maîtrise de l’utilisation et du choix du matériel avec plusieurs mélanges au Nitrox au fond et en décompression et à l’utilisation de l’oxygène pur.
- Maîtrise de l’équilibre et de la stabilisation à la profondeur des paliers lors des changements de mélanges.
- Connaissances des principes de la fabrication des mélanges.
Quelles prérogatives pour un plongeur Nitrox (PN) ?
En France, un plongeur Nitrox (PN) peut utiliser des Nitrox contenant jusqu’à 40 % d’oxygène.
L’espace d’évolution accessible est défini à la fois par les aptitudes (12 m, 20 m, 40 m) et par la profondeur plancher qui est fonction de la teneur en oxygène du Nitrox utilisé.
Art. A322-77 (code du sport, résumé reformulé) : Les plongeurs nitrox, comme tous les plongeurs, doivent justifier de leurs aptitudes auprès du directeur de plongée.
Art. A322-95 (code du sport) : « La pratique de la plongée aux mélanges nitrox est soumise à la justification d’aptitudes nitrox pour les plongeurs et la personne encadrant la palanquée conformément au tableau figurant à l’annexe III-17 a.
Les conditions de pratique de la plongée aux mélanges nitrox sont précisées par les annexes III-17 b et III-17 c.«
Art. A322-73 (code du sport, extrait) : « Lorsqu’une palanquée est constituée de plongeurs respirant différents mélanges, elle ne doit pas dépasser les conditions maximales d’évolution accessibles au plongeur utilisant le mélange le plus contraignant.«
La notion de « profondeur plancher »
L’augmentation de concentration d’oxygène dans le mélange respiré conduit à limiter la profondeur maximum de la plongée afin de prévenir les risques d’hyperoxie (neurotoxicité de l’oxygène).
Art. A322-76 du code du sport (extrait) : « La teneur en oxygène du nitrox détermine l’espace d’évolution. » [Ne pas confondre, le PpO2 du nitrox fixe la limite de profondeur, alors que pour les plongées à l’air, la limite de 60 m est fixée par la pression pression partielle d’azote qui dicte le seuil de narcose : PpN2 <= 5,6 bars].
Cette profondeur à ne pas dépasser ou « profondeur plancher » est calculée en fonction de deux éléments :
- le pourcentage ou la fraction d’oxygène (FO2) du Nitrox utilisé ;
- le seuil de pression partielle maximum (voir encadré page suivante), qui ne doit jamais dépasser 1,6 bar et qui le plus souvent est ramené à une valeur inférieure de l’ordre de 1,5 à 1 bar.
Ces deux éléments sont paramétrables dans votre ordinateur de plongée qui automatise ainsi les calculs de désaturation et l’alarme de profondeur « plancher ».
Calcul de la profondeur plancher : Pabs = PpO2 max / FO2
- Pabs = Pression absolue maximum
- PpO2 max = Pression partielle maximale d’O2 acceptée (1,2 à 1,6 bar généralement).
- FO2 = Fraction d’O2 dans le mélange respiré (ex. 0,4, 0,36, 0,32).
Exemple de calcul pour FO2 = 0,4 et PpO2 max = 1,6
- Pabs = 1,6 / 0,4 = 4 bars soit 3 bars de pression d’eau au niveau de la mer, soit 30 m max.
Paramétrage de votre ordinateur
Dans le cadre des plongées au Nitrox, les ordinateurs récents constituent de précieux outils, utilisés par près de 100 % des plongeurs.
Une fois le mode « Nitrox » sélectionné, deux éléments doivent être paramétrés :
- Le pourcentage d’oxygène du mélange utilisé (ex. 32) ;
- Le seuil de toxicité accepté, qui peut aller de 1,6 à 1 bar, sachant que la valeur médiane de 1,4 bar est celle généralement conseillée. Ces deux éléments suffisent à :
- Calculer la désaturation ;
- Définir la profondeur plancher et mettre en fonction une alarme.
Au-delà de la toxicité de l’oxygène liée à sa concentration au cours d’une plongée, la répétition de plongées au Nitrox au cours d’une même journée et d’un jour sur l’autre (ex. croisières) conduit à une accumulation d’oxygène qui peut devenir toxique pour le système nerveux central voire même pour les poumons. Les ordinateurs de plongée utilisent un indicateur CNS % (Central Nervous System) ou OLF % (Oxygen Limit Fraction) selon les modèles, qui symbolise cette accumulation. Il est conseillé de ne jamais dépasser 75 à 80 %. Si vous atteignez ce seuil, faites une pause dans vos plongées, jusqu’à ce que l’indicateur revienne à une valeur raisonnable.
Prenez le temps de lire la notice de votre ordinateur, elle contient de précieuses informations. Il y va de votre sécurité.
Risque d’hyperoxie
Indispensable à la vie, l’oxygène doit être respiré dans de justes proportions. Habituellement, nous respirons un air composé approximativement de 21 % d’oxygène, ce qui correspond à une pression partielle au niveau de la mer de l’ordre de 0,21 bar ou « normoxie ». Au-delà, nous entrons dans une zone d’hyperoxie qui devient dangereuse en plongée à partir de 1,6 bar. Il s’agit de « l’effet Paul Bert », du nom du premier chercheur à avoir étudié ce phénomène : l’oxygène en trop forte concentration stimule les centres nerveux et provoque une crise de type épileptique avec risque de noyade.
Une règle : la prévention
Les signes précurseurs étant le plus souvent absents, la prévention de ce risque est fondamentale.
Il faut, pour cela :
- ne pas dépasser la profondeur plancher en fonction du mélange utilisé ;
- et, bien entendu, analyser avant la plongée le pourcentage d’oxygène contenu dans votre PE40 bouteille.
Gonflage des bouteilles
Voir l’article Plongée Plaisir sur les bouteilles de plongée
Contrôle du pourcentage d’oxygène
En France, le code du sport prévoit que les bouteilles sont identifiées selon les gaz contenus en indiquant :
- le pourcentage d’oxygène analysé et la composition théorique du mélange gazeux ;
- la date de l’analyse ;
- le nom du fabricant ou du distributeur.
- Avant la plongée, en tant qu’utilisateur final, vous devez compléter la fiche en mentionnant :
- la pression du mélange ;
- le pourcentage d’oxygène et la composition du mélange ;
- la profondeur maximale d’utilisation ;
- la date de l’analyse ;
- votre nom et vos initiales.
L’utilisation d’un analyseur d’O2, bien que variable d’un modèle à l’autre, suit généralement les mêmes règles :
- Mettez l’analyseur sous tension ;
- Calibrez-le à l’air en indiquant que le taux d’oxygène est de 20,9 % (si vous êtes au niveau de la mer) ;
- Brancher l’analyseur sur la bouteille à analyser ;
- Ouvrez délicatement le robinet jusqu’à entendre un léger écoulement du gaz (un écoulement trop fort peut endommager la cellule analysant l’O2) ;
- Attendez que le pourcentage d’O2 indiqué sur l’analyseur ne change plus, ce qui prend généralement de 10 à 15 secondes.
- Notez le pourcentage ;
- Fermez la bouteille ;
- Eteignez l’analyseur.
Art. A322-93 (code du sport)
« Les bouteilles sont identifiées, selon les gaz contenus.
Le fabricant ou le distributeur d’un mélange respiratoire autre que l’air mentionne sur la fiche d’identification de chaque bouteille et sur le registre de l’établissement les informations suivantes :
- le pourcentage d’oxygène analysé et la composition théorique du mélange gazeux ;
- la date de l’analyse ;
- le nom du fabricant ou du distributeur.
Avant la plongée, l’utilisateur final complète la fiche d’identification de chaque bouteille par les informations suivantes :
- la pression du mélange gazeux de la bouteille ;
- le pourcentage d’oxygène analysé et la composition du mélange ;
- la profondeur maximale d’utilisation du mélange ;
- la date de l’analyse ;
- son nom ou ses initiales. »
© Extrait des livres Plongée Plaisir par Alain Foret aux Editions GAP.
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